Élevage de plein-air et grippe aviaire : la crise dure, les éleveur.euses endurent

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En six ans, c’est la 4e vague de grippe aviaire qui s’abat sur la filière avicole européenne.

En France, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a relevé le niveau d’alerte en novembre 2021, imposant le confinement des volailles, y compris pour les particuliers qui élèvent des poules et des canards.

La mesure vise à prévenir tout contact avec les oiseaux migrateurs, potentiellement porteurs du virus, et ce du 15 novembre jusqu’à la mi-mars, soit une durée de 4 mois.


📷 Des volailles confinées, Gers © Jean-Pierre Duntze/FTV


Du point de vue du ministère de l’agriculture, les pratiques de protection ont évolué cette année pour assurer le maintien des élevages de plein air. Le ministre Julien Denormandie fait notamment référence à l’installation d’un équipement de protection adéquat - le filet, qui permet le confinement en extérieur.
Un oxymore qui ne fait pas rêver les éleveurs et éleveuses de plein air.
La claustration des bêtes est fermement remise en cause par la Confédération paysanne et le Modef. Ces organisations dénoncent des mesures inadaptées au plan sanitaire qui ne permettent ni d’éviter les crises ni d’empêcher l’augmentation des cas de contamination.

Elles défendent un autre modèle de production avicole pour sortir des crises. Ce changement structurel comprendrait la baisse des densités de certains territoires en volailles, le plafonnement du nombre d’animaux par élevage et la fin du fonctionnement segmenté des filières volailles qui disséminent les virus notamment par le transport d’animaux vivants.

La Confédération paysanne et le Modef dénoncent aussi des abattages préventifs d’animaux sains menés sans cadre règlementaire dans les Landes, le Gers et les Pyrénées-Atlantiques. Selon ces syndicats, des interprofessions de la filière palmipède chercheraient à opérer un dépeuplement massif afin de relancer au plus vite la production.
Pour le Cifog (interprofession du foie gras), le dépeuplement préventif serait la seule stratégie à disposition de la filière pour endiguer le virus H5N8 de grippe aviaire. Réuni mercredi 16 février à Bordeaux, le conseil d’administration du Cifog a proposé que l’élevage en bande unique soit la règle lors de risque élevé de contamination.


La bande unique est une méthode d'élevage qui consiste à remplir en une seule fois
un bâtiment d'élevage avec des animaux de même âge, de même poids et de même stade physiologique.
Ainsi, les animaux quittent le bâtiment au même moment, et l'éleveur.euse peut nettoyer et désinfecter le bâtiment.


Ces mesures sont pensées pour les gros élevages où les bêtes sont en surpopulation.
La majorité des foyers de contamination sont des élevages claustrés, en filière longue. Ces élevages industriels claustrés expulsent des charges virales dans leur environnement, contaminant les élevages voisins.
Cette année encore, 3,5 millions de volailles saines et infectées ont été abattues dans le but d’essayer d’enrayer l’épidémie. Tuer des volailles pour empêcher que les volailles ne meurent… absurde vous avez dit ? L’influenza aviaire court toujours et l’hiver n’est pas terminé.


En s’appliquant de façon identique à l'élevage de plein air, ces mesures menacent tout un pan de l'activité agricole et gastronomique du pays. Les paysan.nes ont dû investir pour claustrer, certain.e.s ont parfois réduit les volumes avec des conséquences financières importantes.
Les épizooties d’influenza aviaire seront amenés à se répéter dans les années à venir, le modèle de production de plein air est donc voué à disparaître si la gestion de cette crise sanitaire n’évolue pas. Pour les défenseurs de l’élevage de pein air, les politiques sanitaires poussent à restructurer l’élevage au profit du modèle industriel.

Par ailleurs, les consommateur.rices sont floué.e.s lorsqu’iels croient acheter des œufs de poules élevées en plein air comme l'indique la boîte dans laquelle ils sont rangés.
Le marketing continue de mettre en avant l’argument de plein air quand, en réalité, les produits proviennent d'animaux élevés claustrés.

Dans les Landes, le Collectif d’éleveurs de volailles et de consommateurs landais a choisit d’ouvrir son bec et invite les ciotyen.nes à venir exprimer leur désaccord en participant à un rassemblement le samedi 5 mars à 14h devant la préfecture des Landes à Mont-de-Marsan.

Mathilde Redaud, le 22 février 2022
  À (ré)écouter : Interview de l'éleveur Dominique Lollivier en février 2021


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Date de publication 22.02.2022