Edito de la semaine : L'autonomie
La quête de l'autonomie a incarné au cours de l'histoire des sociétés tout un imaginaire emprunt de révolution, de réinvention, de militantisme ou encore d'utopie...
Remise en question du fonctionnement de la société, du rôle de l'état et des institutions,
Mouvements plus ou moins organisés afin d'envisager des systèmes plus adaptés à la réalité,
plus conscients du rôle de chaque individu .
L'autonomie a d'abord un sens politique pour l'individu,
Émancipé d'un état, d'un groupe ou de tout pouvoir
c'est sa capacité à se donner à soi-même sa propre loi
Mais la notion est bien plus complexe que ça
Car on ne peut pas la considérer en dehors d'un environnement social et indépendamment d'une relation aux autres.
La première intention d'autonomie apparaît dans la société Grecque antique avec la naissance de la philosophie, du questionnement scientifique et de la Raison
Possibilité de faire des choix
Réflexion sur la manière dont la société peut s'organiser de manière rationnelle
Remise en cause des institutions établies selon des dogmes et des croyances
Re-questionnement et Désenchantement du monde,
On comprend alors que c'est bien l'individu qui doit créer la société et non l'inverse
Et pourtant les limites on les connaît bien :
Prise de pouvoir par des minorités privilégiés
Asservissement et assujettissement des masses
Création d'inégalités, de moyens de contrôles et de domination
L'autonomie s'envisage alors comme un moyen de réaction à un problème social
Ancrée dans la contestation sociale, elle exprime le désir de s'organiser autrement
On pense bien sûr aux
Sociétés pirates, aux mouvements ouvriers, aux communautés anarchistes
Que ce soit par l'expérimentation de pratiques d'autogestion, de nouvelles manières de s'organiser collectivement
ou encore par l'action directe, voire violente afin de bousculer l'idéologie dominante
qu'elle soit religieuse, capitaliste, royaliste ou bourgeoise
Le but est toujours le même :
Rendre les êtres humains maîtres de leur vie et de leur société, entièrement conscients et responsables de ce qui leur arrive et de ce qu'ils construisent.
Contrairement à nos sociétés figées, l'autonomie n'est pas un état mais un mouvement constant,
Elle est à l'image de notre réalité et du temps : en constante évolution
Bien sûr ce n'est pas évident à mettre en place, ni facile à acquérir pour tout le monde,
Le système ayant mis la politique hors de portée de l'individu,
il est parvenu à l'en désintéresser,
à le convaincre de son impuissance à modifier les choses
et à l'isoler dans la sphère privée
Comment peut-on alors désenchanter à nouveau le monde ?
En résistant à l'instrumentalisation
En déconstruisant les conditionnements
En expérimentant de manière pratique de nouveaux modes d'organisation
En s'affirmant dans des projets conscients et cohérents avec les principes d'utilité, d'ouverture et de liberté
En transgressant les règles qui ne s'appuient par sur l'éthique collective mais sur une morale douteuse
En échangeant nos savoirs et nos savoirs-faire pour chercher la complémentarité plutôt que la concurrence
Paradoxalement il nous faut évoluer dans une forme de lutte et de non-compromis pour trouver notre place,
continuer à réinventer constamment afin d'agir en accord avec nos idées et peut-être enfin tendre vers une forme d'autonomie...