Edito de la semaine : La fête

 

On nous avait prévenu : la bamboche c'est terminé.

Après une nuit sanglante, rythmée par les assauts des forces de l’ordre, dans un champ jonché de palets de lacrymogènes,
La tekno se met à vibrer, enfin.
Les murs de sons sont montés, les artistes sont prêt.es à s’exprimer. L’adversité des teffeur.euses n’est plus à démontrer.

La préfecture, commence alors à mener l’attaque médiatique, malgré les images flagrantes des journalistes présents,
Montrant David contre Goliath,
Ou les teuffeurs face aux forces de l’ordre.
Elle annonce que ceux –ci ont été visés par des projectiles divers et variés:
Pour rappel, plus de 400 gendarmes étaient mobilisés, avec un ravitaillement continu en lacrymogènes et grenades assourdissantes.
Le journaliste Rémi Buisine affirme que des milliers de palets de lacrymogènes ont été lancés dans la nuit.
Face à ce surarmement, les teufeur.euses ne pouvaient se défendre qu’avec le peu de matériel qu’ils avaient amené pour faire la fête.
Les fêtard.es étaient tout.es en short et tee-shirt face à des militaires entraînés et équipés.
La disproportion devient indéniable lorsque cette nuit, un jeune homme perdit sa main.

Malgré l’enfer de la nuit et les propos déformés par la préfecture, la fête est enfin là !
Ce moment de relâchement semble miraculeux après ces longues heures de résistance face à des forces de l’ordre déchaînées.
Chacun.e reprend des forces, la musique enchante de nouveau les cœurs. La présence des gendarmes mobiles et CRS ne décroît par pour autant. Une nasse géante est en place autour du site,
deux hélicoptères repèrent les lieux,
des dizaines de camions et de voiture attendent, moteur tournant.
Le ratio s’élève à un militaire pour trois fêtard.es.
La plupart ont entre 18 et 30 ans, viennent tout.es pour faire la fête, uniquement la fête.

Comment peut-on arriver à un dispositif si démesuré ?
Comment peut-on débourser des centaines de milliers d’euros d’argent public pour réprimer une jeunesse qui pense pouvoir enfin exprimer ses talents artistiques et son amour de la fête après plus d’un an de pandémie ?

Alors que le beau temps reprenait ses droits, aux alentours de 16h, des centaines de gendarmes mobiles fondent sur les fêtard.es.
Les lacrymogènes fusent pour disperser le public, les forces de l’ordre foncent alors sur les personnes qui ne se sont pas échappées et usent de tout leur arsenal possible :
LBD, coups de matraques, coups de poings...
Alors que le chaos s’installe à nouveau par l’intervention brutale des gendarmes mobiles, ceux là même décident de s’en prendre au matériel des teffeur.euses.
Des dizaines d’hommes se mettent alors à défoncer absolument tout ce qu’ils trouvent sur leur passage : enceintes, amplificateurs, tables de mixage, lumières, décorations...
Des bruits sordides de coups de matraques et de marteaux emplissent le paysage sonore.
Des milliers d’euros de matériel, investis par des particuliers dans le but de partager un mode d’expression artistique, sont perdus définitivement en quelques minutes, en toute illégalité.

Après ce déchaînement de violence, les forces de l’ordre repartent, comme si rien ne s’était passé.
La folie vengeresse des forces de l’ordre, la volonté par la préfecture de nous montrer comme des gangsters et le désintéressement du gouvernement à notre scène n’a-t-elle donc pas de limite ?
Après avoir tué Steve il y a deux ans, après avoir emprisonné Tristan au nouvel an, ils arrachent la main d’un fêtard de 22 ans et détruisent les moyens d’expression artistique de sa jeunesse.

C'était un communiqué des organisateurs.trices du Teknival des Musiques Interdites

Voilà ce qui arrive en 2021 dans un état qui se dit de droit
Voilà la répression qui s'opère aujourd'hui face à l'expression

Espérons, Imaginons, rêvons que les choses changent
Et que l'on puisse bientôt à nouveau sans peur, sans crainte des représailles
S'évader, s'amuser, échanger, refaire la fête tout simplement...

Date de publication 22.06.2021