Edito de la semaine : Sauvons les forêts !

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De prime abord, les forêts françaises vont bien : leur surface couvre 31% du territoire, soit 16,8 millions d'hectares.
C'est ce que l'on peut lire sur le site de France Bois Forêt, l'interprofession nationale de la filière.

Sauf que la quantité ne suffit pas lorsque les forêts sont composées essentiellement d’épicéa, de douglas et de pins en monocultures. Couvrir du territoire ne suffit pas pour que les rôles écologiques et sociaux de la forêt soient remplis.
Et augmenter la production pour augmenter la récolte cause des dommages pour l’environnement, défigure les paysages et menace les générations futures.

75 % des forêts appartiennent à des propriétaires privés qui sont sans cesse courtisés à coup de mallettes débordantes de billets par des exploitants qui se frottent les mains en pensant au bénéfice qu’iels retireront de la coupe des parcelles convoitées.
Nous sommes dans une ère de banalisation de la coupe rase, une logique qui n’est pas sans conséquences puisqu’elle prive les sols de la majorité des minéraux stockés dans les arbres. Une logique qui épuise les sols à force de leur faire produire chaque année 2 ou 3 fois plus de m3 d’arbres par hectare qu’une forêt sauvage ne saurait en générer.


Ça vous vient souvent à l’idée de vous pointer chez votre voisine et de raser sa maison puis de revenir le lendemain pour poser les fondations (en béton qui plus est) d’une résidence de 50 logements ?

La forêt n’est pas une marchandise. Elle ne doit pas être réservée aux professionnel-les, nous sommes toustes légitimes en forêt.
Une autre culture forestière est possible, loin de l’industrialisation massive, à rebours de sa financiarisation.

Une gestion forestière qui ferait la paix avec son étymologie première : porter et supporter, et non plus tirer rapidement un profit.


La forêt est un écosystème, un univers abritant des milliards de vie, les forêts sont des maisons, ce sont les poumons de la planète. Les forêts sont des biens communs à l’instar de l’eau, de l’air, d’openstreetmap et des musiques libres de droit.
On peut gérer les forêts sans scalper tous les arbres, on peut sélectionner, aérer, créer des trouées ou laisser les arbres en libre évolution.. on peut créer des circuits courts de la filière bois depuis la grume jusqu’à la poutre, on peut se rencontrer entre propriétaires et se former à une sylviculture douce…

On peut vouloir protéger l’environnement de l’ignorance et de la folie d’humains, on peut réactiver l’esprit des communs que le capitalisme s’est évertué à briser depuis la fin du Moyen-Âge. Avec les forêts, on peut observer, se balader, découvrir, collecter, apprendre, rêver, créer, danser, se rassembler, vivre.


Tout cela est possible et surtout nécessaire à une époque où les tentatives pour défendre des forêts vivantes peuvent devenir gênante.
Agissons, reprenons la main sur nos forêts, collectivement, ici et maintenant.


pic : TildaRed.

Date de publication 22.06.2022