Edito de la semaine : Nos langues
La question de la langue touche à des sujets sensibles dans notre société :
et notamment à l'identité et à l'appartenance culturelle
à travers son histoire et ses évolutions
Car qui dit langage dit culture
On ne coupe jamais avec ses origines et son histoire
Mais on peut perdre sa langue
Je suis né à Dunkerque, situé en France bien-sûr
mais dans un territoire qui s'étend au delà des frontières nationales.
Les Flandres, comme la Gascogne
C'est un territoire, un peuple à part entière avec son histoire, sa culture et bien sûr sa langue.
Lorsque j'étais à l'école, le flamand n'y était plus enseigné
Ne me laissant pour référence à cette culture que des figures patrimoniales et le folklore local ancré dans le passé
Pour ce qui est de la langue
Seul les anciens la parlait encore
On pouvait les entendre échanger entre eux lors des réunions de famille
On tentait alors de percevoir certains mots, de les comprendre et pourquoi pas de les imiter
Sans trop de succès ni plus de curiosité
Car avec la perte de la transmission entre générations et le fait de ne plus pouvoir l'apprendre à l'école
Nous avons laissé cette culture majoritairement à des groupes nationalistes à tendance extrême droite
Donnant encore moins envie de s'y plonger
Et réduisant cette culture à une revendication territorialiste
une question de fierté identitaire plus qu'une réelle défense de la langue
En novembre 2007, Le collège dunkerquois Michel-de-Swaen, du nom d'un poète flamand du 17e siècle, est rebaptisé Collège Lucie-Aubrac, en mémoire de la célèbre résistante à l'occupation nazie.
Le 12 décembre. Wido Triquet, « porte-parole et premier secrétaire » du Mouvement flamand, basé à Dunkerque,
écrit une lettre au principal du collège, lui promettant des coups de pied au visage « s'il ne rétablit pas immédiatement le nom flamand Michel de Swaen ».
Après un dépôt de plainte, Triquet est condamné une première fois mais il ne s'arrête pas là.
Puisque ses amis flamands le trouvaient trop modéré, Il adresse un second courrier le 10 mai suivant, appelant cette fois-ci à tuer le principal par arme à feu
Une nouvelle plainte est bien sûr déposée pour injures et menaces de mort.
S'ensuit une nouvelle condamnation
Et le collège restera Lucie Aubrac.
Suite à cette histoire
L'émission belge Strip Tease s'est intéressée à ce groupe de nationalistes dunkerquois dans un épisode intitulé « Crève, France ! »
Ces Flamands de France se rendent de l’autre côté de la frontière belge, mais se heurtent à quelques difficultés.
Pour quelle raison ?
Ils ne parlent pratiquement pas un mot de flamand…
Le comble du comble.
Tandis que des nationalistes, sont prêts à tout pour affirmer une langue, qu'ils ne parlent même pas
Les vrais défenseurs des langues régionales ne se battent plus pour leur promotion mais pour leur préservation
Qu'ils soient flamands, bretons, basques ou gascons, leur vrai ennemi ce n'est pas le français
Mais une autre langue pratiquée lâchement et sans vergogne dans les hautes sphères
Une langue qui contrairement aux autres se cache derrière des mots vides de sens mais lourds de conséquence.
Plus elle s'exprime moins elle ne dit de choses
Elle uniformise, annule les particularités
Tue la diversité
Qu'on la nomme novlangue ou langue de bois
C'est aujourd'hui la plus parlée...